La Mauritanie, vaste pays essentiellement désertique au carrefour entre Maghreb et Sahel, dispose d’une unique ligne ferroviaire. Construite à l’initiative des Français suite à la découverte d’importants gisements de fer au beau milieu du Sahara, elle s’étend sur 700 kilomètres, reliant le complexe minier de Zouérate au port de Nouadhibou sur la côte Atlantique. Composés d’environ deux cents wagons et pouvant atteindre jusqu’à 2,5 kilomètres, les trains qui l’empruntent comptent parmi les plus longs du monde. L’objectif premier de ces derniers est l’acheminement du minerai de fer pour son exportation. Et pourtant, nombre de Mauritaniens voyagent chaque jour à leur bord pour transporter des marchandises en tout genre, faire du commerce ou simplement rendre visite à des proches. Si certains optent pour l’unique wagon de passagers, les plus chargés ou démunis n’ont d’autre choix que d’emprunter un wagon destiné au fer. La traversée est gratuite mais les conditions de voyage sont éprouvantes. Dans le désert, l’amplitude quotidienne de température frise parfois l’extrême. Le pire cependant, c’est bien la poussière. Les particules de fer se propagent dans l’air et viennent sournoisement se loger dans tous les recoins et orifices, rendant pénibles autant la respiration que la vue. Fasciné par le courage de ces hommes, j’ai fait le voyage de Nouadhibou à Choum aller-retour, soit pendant 24 heures sur près de 1000 kilomètres, afin de vivre et documenter cette folle traversée du désert.