Au Pérou, la difficile cohabitation entre une communauté paysanne et une gigantesque mine de cuivre
2023
Ce reportage fait partie d’un projet au long cours sur l’impact des exploitations minières, industrielles et énergétiques qui s’invitent sur les terres ancestrales des populations autochtones dans les Amériques. Après un premier chapitre réalisé en Guyane française sur la lutte d’un village amérindien contre l’implantation d’une centrale électrique en pleine Amazonie, le deuxième chapitre se penche ici sur l’activité minière au Pérou.
En cette matinée ensoleillée de novembre, les habitants de Chuicuni, village quechua perché à 3800 mètres d’altitude dans les Andes péruviennes, sont réunis pour la cérémonie annuelle de la siembra. Vêtus de leurs habits traditionnels et de leurs chapeaux colorés, les villageois s’affairent à cette occasion à planter des pommes de terre, un des aliments de base des populations andines.
Une façon tout d’abord de subvenir à leurs besoins en nourriture. Les communautés autochtones du Pérou, qui représentent 25% de la population globale d’après le recensement de 2017[1], mais aussi celles des pays voisins comme la Bolivie ou encore l’Équateur, vivent surtout en milieu rural et pratiquent l’agriculture et l’élevage comme principales activités de subsistance.
Une façon aussi de renforcer les liens qui unissent la communauté. La cosmovision andine repose sur des notions telles que l’Ayni, principe de réciprocité et de solidarité qui invite les membres de la communauté à s’entraider et travailler de concert afin de garantir le bien-être et la survie de tous[2]. Lors de la siembra, la répartition des tâches est genrée et riche de symboles sur la fertilité. Les hommes retournent la terre à l’aide d’un outil traditionnel, le chakitacclla, et les femmes viennent déposer une pomme de terre dans chaque trou ainsi creusé.
Une façon enfin de réaffirmer leur lien à la terre lors d’une cérémonie chargée spirituellement. Une femme verse de la chicha, une boisson fermentée à base de maïs, sur les pommes de terre. Ce même breuvage, légèrement alcoolisé, que les villageois sirotent dans une corne de vache tout au long de la journée. Un petit groupe de femmes entonne des incantations et des chants traditionnels. Des pratiques qui s’inscrivent dans une démonstration de respect pour la Pachamama, divinité andine de la Terre-mère, la Madre Tierra en espagnol, et sont censées augmenter les chances d’une bonne récolte.
Les habitants de Chuicuni espèrent par ailleurs démontrer une nouvelle fois qu’ils sont les utilisateurs légitimes de cette terre. Et pour cause, ils sont en litige avec les hacendados, les anciens propriétaires terriens, une famille d’origine péruvienne du nom de Cruz Mendoza qui réside désormais aux États-Unis mais revendique les droits de propriété sur le secteur Juan Velasco Alvarado où se déroule aujourd’hui la cérémonie[3]. Une décision de justice avait donné raison à cette famille en 2011, décrétant que les villageois usurpaient illégalement les terres et devaient ainsi être expulsés. Le 25 aout 2023, le juge en charge de l’affaire se rend sur place et fait marche arrière sur l’expulsion, constatant que l’occupation des terres n’a rien de provisoire[4]. Au-delà des habitations qui abritent une centaine de familles, se trouve également une école primaire reconnue par le Ministère de l’éducation péruvien[5]. L’école, tout comme cette partie du village, porte le nom de « Juan Velasco Alvarado », ancien militaire et homme politique à l’initiative du coup d’État de 1968 et de la réforme agraire de 1969. Cette dernière visait à mettre fin au système latifundiste hérité de la colonisation[6], c’est-à-dire à l’extrême concentration de la propriété des terres agricoles entre les mains de quelques familles affluentes. D’après un recensement agraire réalisé en 1961, 75,9% des terres appartenaient alors à 0,4% des propriétaires[7]. Une surconcentration foncière qui avait pour inévitable corollaire l’immense pauvreté des populations paysannes.
Mais alors, pourquoi une parcelle assez peu fertile perchée à 3800 mètres d’altitude génère-t-elle tant de convoitises ? La réponse se trouve à quelques centaines de mètres du village. Depuis 2016 tourne à plein régime une des plus grandes exploitations de cuivre au monde, la mine de Las Bambas, à l’initiative de la multinationale suisse Xstrata et désormais opérée par la multinationale australo-chinoise MMG[8]. Une exploitation à ciel ouvert qui emploie 9000 travailleurs quotidiennement et produit chaque année 400.000 tonnes de cuivre, soit 2% de la production mondiale[9]. Le Pérou se classe en deuxième position des pays producteurs[10], derrière le Chili, de ce minerai de plus en plus convoité notamment en raison de sa conductivité électrique dans le contexte de la transition énergétique[11].
Au premier plan, la ville de Challhuahuacho qui s’est vue croître de façon exponentielle depuis l’arrivée de la mine. Au second plan, le secteur Juan Velasco Alvarado du village Chuicuni menacé par la décision d’expulsion. Au troisième plan derrière les montagnes, la mine de Las Bambas. Prise de vue aérienne, novembre 2023. © Yann Lenzen
Jose Luis Yucra Gutiérrez, jeune chef de la communauté Chuicuni âgé de 28 ans, est persuadé que la famille Cruz Mendoza ne manifeste de l’intérêt pour ces terres qu’en raison de la présence de la mine. « Ils souhaitent vendre le terrain à Las Bambas, l’argent c’est tout ce qui les intéresse ! La terre ne devrait-elle pas revenir plutôt à ceux qui en font l’usage ? C’est nous après tout qui la cultivons et qui élevons nos animaux ici. » Si le juge a suspendu la décision, elle n’est pas invalidée définitivement et la menace d’expulsion pèse toujours pour les habitants du village[12].
Le sous-sol péruvien regorge d’une multitude de ressources naturelles dont l’extraction n’est pas sans conséquence pour les écosystèmes ou le climat[13] : pollution de l’air, des eaux et des sols, perte de la biodiversité, stress hydrique accru, émissions directes ou indirectes de gaz à effet de serre, etc. Dans le même temps, il s’agit d’une réelle manne financière pour le pays andin. Au Pérou, le secteur minier représente à lui seul 11% du PIB et 57% des exportations[14]. Les élites s’enrichissent, mais il est rare que les bénéfices ruissellent jusqu’aux villages voisins des mégaprojets. Le coût environnemental de l’extractivisme s’accompagne de répercussions sociales de grande ampleur. Environ 95% des terres qui font l’objet d’une concession pour l’exploitation de ressources naturelles sont habitées par des communautés paysannes[15]. Ces communautés, à l’image du village Chuicuni, sont principalement issues de peuples autochtones dont le groupe principal sont les Quechuas, les descendants de la civilisation Inca[16].
Dans les années 1990, les politiques néolibérales de l’ancien président Alberto Fujimori, dans le sillage des réformes économiques d’Augusto Pinochet au Chili, ouvrent la voie à la cession à grande échelle des territoires riches en ressources pour leur exploitation par des entreprises étrangères[17]. Commence ainsi une nouvelle dynamique de concentration de la propriété foncière qui avait été tarie par la réforme agraire de 1969[18]. Une concentration qui s’avère problématique car elle en engendre une autre, celle du pouvoir des multinationales. Face à l’émergence de ces nouveaux acteurs à l’emprise économique, et par extension politique, disproportionnée, l’État perd en influence dans ces zones et délaisse les populations rurales[19]. Les entreprises bénéficient d’une fiscalité très avantageuse et ne doivent par exemple pas s’acquitter d’impôts avant d’avoir amorti leur investissement initial. Il devient aussi légal de « relocaliser » une communauté qui entraverait le développement d’un projet minier[20]. En 2014, plus de 40% du territoire péruvien faisait l’objet de concessions pour l’exploitation de ses ressources naturelles par des acteurs privés : 20% de la superficie pour des exploitations minières, 16% pour l’exploration ou l’exploitation d’hydrocarbures (principalement dans la région amazonienne) et 6% pour les exploitations forestières[21].
Souvent, les terres sont cédées à des entreprises en l’absence de réelles consultations avec les communautés locales. Et cela en raison d’un cadre juridique national largement défavorable aux communautés paysannes. Si les droits territoriaux des populations autochtones sont garantis par la Constitution de 1993, l’Article 89 mentionnant que la propriété de leurs terres ancestrales est « imprescriptible », l’Article 66 détermine que les ressources naturelles sont la propriété unique de l’État[22]. En d’autres termes, même si une communauté possède un territoire en surface, l’État demeure souverain quant à l’usage des ressources présentes dans le sous-sol. Les études d’impact environnemental (EIE) ne prévoient la consultation des communautés riveraines d’un projet minier que lors des dernières étapes, lorsque l’essentiel a déjà été décidé[23]. Une éventuelle opposition d’une communauté à un projet ne serait de toute façon pas contraignante légalement[24].
La mine de Las Bambas dans le sud du Pérou où sont extraites chaque année 400.000 tonnes de cuivre, soit 2% de la production mondiale du minerai. Prise de vue aérienne, novembre 2023. © Yann Lenzen
Ces exploitations s’inscrivent par ailleurs dans une division internationale du travail traditionnelle, commune à l’Amérique latine dans son ensemble[25]. Le Pérou, pays peu industrialisé, sert surtout de fournisseur de matières premières à faible valeur ajoutée. Une source de bénéfices colossaux à court terme pour les élites nationales, qui offre néanmoins peu de perspectives de développement pérenne et enferme le pays dans une forme de dépendance vis-à-vis de ses partenaires étrangers et des cours internationaux des matières premières. Le cas extrême du Venezuela et sa spécialisation dans l’exportation du pétrole brut nous a déjà démontré à quel point une telle orientation économique peut s’avérer désastreuse[26].
Sans surprise, une société imprégnée dans ces proportions par l’extractivisme n’est pas épargnée par les tensions. L’Observatoire des conflits miniers au Pérou recense environ 170 « conflits sociaux-environnementaux » dans le pays, dont au moins 70% seraient liés directement à l’activité minière[27]. Des conflits qui fleurissent sur une toile de fond d’inégalités record et de crise politique durable[28]. Depuis 2016, le pays a vu défiler six présidents. Les scandales de corruption s’enchaînent[29], nourrissant une défiance croissante dans les institutions. Les dernières années ont été marquées par de nombreuses manifestations, en particulier dans le sud du pays où se concentre une large partie de l’activité extractive. Les communautés marginalisées descendent dans la rue et se font réprimer dans le sang par les autorités, comme en témoigne un récent rapport de Human Rights Watch[30].
Les conflits sociaux suscités par un projet extractif varient en intensité et se démarquent par la nature des revendications[31]. Lors du conflit très médiatisé de Conga dans le département de Cajamarca, les communautés locales avaient fait le choix d’une opposition frontale face à un projet titanesque de mine d’or et de cuivre. Inquiètes quant à l’impact sur les ressources en eau, elles s’étaient mobilisées massivement, avaient organsié des manifestations jusqu’à Lima et étaient finalement parvenues à pousser l’État à suspendre la mise en œuvre du projet en 2011[32]. Les promoteurs de Las Bambas, qui obtiennent la concession des terres par le gouvernement péruvien en 2004, ont au contraire réussi à séduire initialement plusieurs communautés riveraines à coup de promesses d’emploi, d’indemnisations et de développement. La mine n’a pas généré de mobilisation massive lors des phases initiales de sa mise œuvre. Ce n’est qu’assez tard dans le processus qu’émergent doutes, frustrations et velléités de résistance.
Vidéo aérienne de la mine de Las Bambas au Pérou, novembre 2023. © Yann Lenzen
Un moment décisif intervient en 2014 lorsque la multinationale Xstrata, à l’initiative du projet minier, se fait racheter par MMG. Xstrata prévoyait initialement la construction d’un minéroduc, un pipeline souterrain long de 206 kilomètres, pour acheminer le minerai extrait[33]. À travers une modification de l’étude d’impact environnemental effectuée sans consultation des habitants, MMG abandonne le projet de pipeline et décide d’organiser l’acheminement du minerai par la route[34]. Les populations locales craignent alors davantage les pollutions, mais aussi le bruit et la poussière qu’engendreront les trajets incessants des camions. Les tensions culminent en 2015 lorsque les associations paysannes organisent une grève et que des affrontements entre policiers et manifestants se soldent par plusieurs morts et des dizaines de blessés[35]. Depuis sa mise en opération en 2016, la mine a connu 400 journées de blocages de ses exportations via le corridor minier où vivent des dizaines de communautés[36], occasionnant jusqu’à 9,5 millions de $US de perte par jour de blocage d’après une association représentant les intérêts des entreprises extractives au Pérou[37].
Au village de Chuicuni, où je me suis rendu en novembre 2023, les habitants font les frais d’une cohabitation difficile avec une exploitation minière d’une telle envergure.
Le lit de la rivière qui traverse le village Chuicuni est quasiment asséché. Prise de vue aérienne, novembre 2023. © Yann Lenzen
Les villageois installent un système d’irrigation pour pallier à la sécheresse causée par la mine, novembre 2023. © Yann Lenzen
Labriana Lima Huachaca raconte que le rendement agricole a fortement diminué et que le bétail tombe souvent malade depuis la mise en opération de la mine et une apparente pollution des sols et des cours d’eau. Sur les marchés de la région, les produits du village Chuicuni ne se vendent plus à cause de la crainte d’une contamination. Olga Huillca Lima, la fille de Labriana, ajoute que les prix des aliments sont montés en flèche et que les villageois peinent à se procurer les produits de première nécessité.
La pollution s’accompagne d’une aggravation du stress hydrique, situation de plus en plus prégnante dans le contexte des changements climatiques et qui constitue souvent un point central dans les conflits sociaux[38]. L’exploitation du cuivre nécessite de gros volumes d’eau et les environs de la mine se retrouvent souvent asséchés. Une rivière passait autrefois par le village et regorgeait de truites, raconte Raul Pinares Aysa, un autre habitant. Il n’en est plus rien aujourd’hui. Lors de ma visite, plusieurs villageois s’affairaient dans le cadre d’une faena, une forme de travail d’intérêt général courante dans les sociétés andines, à installer un système d’irrigation depuis les hauteurs du village pour assurer leurs besoins de base en eau, ainsi que pour l’agriculture et l’élevage.
Alcira Huamani Huachaca habite à quelques centaines de mètres de la mine et déplore quant à elle l’apparition de fissures sur l’un des murs de sa maison. L’extraction du minerai nécessite l’utilisation d’explosifs qui génèrent d’importants nuages de poussière et aussi de petits tremblements de terre susceptibles d’abîmer les habitations alentours.
Au-delà des dégradations environnementales, la présence de la mine engendre aussi plusieurs perturbations de nature sociale. David Huillca Puma, ancien chef de la communauté, raconte que la ville voisine de Challhuahuacho s’est vue croître de manière sauvage avec l’arrivée des travailleurs de la mine. À l’époque un minuscule village, Challhuahuacho abrite désormais près de 20.000 habitants. Il y règne une ambiance de Far West et toute l’activité (hôtels, restaurants, magasins, etc.) est liée de près ou de loin à la mine et ses travailleurs, attirant aussi délinquance et prostitution.
Le déclin du quechua, la langue traditionnelle de la majorité des populations andines, semble aussi s’accélérer dans la région depuis l’arrivée de la mine. Yesica Mamani Vargas, institutrice dans une école de Chuicuni, observe une transformation depuis la venue de travailleurs originaires d’autres régions du Pérou avec leurs familles qui ne parlent pas forcément le quechua. Les enseignements sont maintenant dispensés en espagnol pour accommoder la nouvelle majorité.
L’implantation de Las Bambas a généré d’importantes tensions et divisions locales. D’abord entre les différentes communautés voisines de la mine car certaines ont bénéficié de davantage de compensations financières que d’autres. Pour construire la mine, il était nécessaire de raser intégralement le village de Fuerabamba qui se trouvait exactement à l’emplacement du gisement principal. Cette communauté composée de 500 familles accepte à l’époque en échange de compensations financières ainsi que la construction d’un nouveau village quelques kilomètres plus loin, baptisé « Nueva Fuerabamba ». Cette communauté devient alors le symbole des « gagnants » de la cohabitation avec la mine sur le plan matériel et suscite parfois de la jalousie. Et pourtant de nombreux habitants de Nueva Fuerabamba se sentent lésés, à l’image d’Onarato, un homme que je rencontre en faisant du stop dans la région. Privés de l’accès à leur terre ancestrale et de plusieurs aspects de leur mode de vie traditionnel, ils ont été intégrés malgré eux à une économie capitaliste. Les voilà contraints de vendre leur force de travail pour acheter de la nourriture et payer des factures alors qu’ils vivaient de façon autosuffisante par le passé.
Les tensions surviennent également au sein même des communautés. À Fuerabamba, elles portent notamment sur d’inégales compensations financières entre les membres selon leur statut de résidence[39]. À Chuicuni, en l’absence de compensations directes, elles s’expliquent par le nombre limité d’habitants qui travaillent pour la mine ou une entreprise sous-traitante. Ces familles vivent convenablement alors que celles qui continuent à se consacrer à l’élevage et à l’agriculture se sont en réalité appauvries et ne subissent que les effets néfastes de la présence du mastodonte du cuivre.
Les promesses d’emploi pour les communautés locales ont été honorées dans les années précédant la mise en opération en 2016, lorsque les travaux nécessitaient beaucoup de main d’œuvre peu qualifiée[40]. Par la suite, les besoins ont évolué au profit de travailleurs qualifiés (ingénieurs, etc.) venant de tout le Pérou. Les villageois des communautés riveraines disposent souvent d’un niveau d’instruction assez faible et se font alors plus rarement employer. L’amélioration de la condition économique de ceux qui parviennent à travailler un temps pour la mine s’accompagne d’une dépendance croissante vis-à-vis de celle-ci[41], se retrouvant dans une situation critique s’ils ne parviennent pas à pérenniser leur emploi dans une région où les opportunités professionnelles sont quasiment inexistantes.
On assiste ainsi à une transformation en profondeur des structures sociales et de l’économie locale. L’argent, auparavant peu utilisé en raison de la prévalence du troc, devient central dans les échanges, accroît les inégalités et marginalise ceux qui préfèrent continuer à pratiquer l’agriculture ou l’élevage de bétail.
Alors, qu’espèrent les membres de la communauté Chuicuni ? Ces derniers sont réalistes, ils ne font pas le poids face à une exploitation industrielle de cette ampleur. Il ne s’agit pas de lutter contre l’existence même de la mine, pour cela il aurait fallu agir beaucoup plus tôt comme dans le cas du projet de Conga. Désormais, ils espèrent surtout que la pollution soit limitée et que les bénéfices soient mieux répartis. « On ne demande pas que la mine nous donne de l’argent directement. Nous souhaitons des opportunités d’emploi pour sortir de la pauvreté », explique Olga Huillca Lima. David Huillca Puma plaide dans ce sens pour une plus grande intervention de l’État afin de protéger l’environnement et la culture quechua, et assurer une meilleure redistribution des bénéfices engendrés par l’activité minière. Le seul moyen de garantir à chacun une vie décente et de meilleures opportunités d’éducation pour les plus jeunes.
L’appétit de nos sociétés pour l’énergie et les ressources naturelles ne cessera de croître tant que l’augmentation du confort matériel restera le principal curseur du « progrès » et du « développement ». Les habitants du village de Chuicuni nous rappellent l’envers du décor… L’extraction des précieuses matières premières, aussi invisible soit-elle pour le consommateur lambda, s’avère souvent lourde de conséquences pour les écosystèmes et les communautés humaines. Les peuples premiers, au Pérou comme ailleurs, cultivent depuis des siècles des modes de vie caractérisés par une forte intégration à leur environnement. L’opposition entre nature et culture inhérente à la philosophie occidentale, source d’une avidité sans fin pour les ressources, d’un réchauffement climatique sans précédent et d’un déclin massif de la biodiversité, est généralement absente des cultures et langues autochtones. Nombreuses sont celles qui ne reconnaissent pas une telle division, signalant au contraire que leurs locuteurs font partie intégrante de l’environnement qu’ils habitent et se doivent de sauvegarder pour les générations futures. Une vision du monde dont il semble urgent de s’inspirer.
Yann Lenzen
Photographe et journaliste indépendant
Sources
[1] https://www.inei.gob.pe/media/MenuRecursivo/publicaciones_digitales/Est/Lib1544/ p. 50- 51
[2] https://core.ac.uk/display/323044729
[3] https://elbuho.pe/2023/08/apurimac-comunidad-campesina-de-chuicuni-en-peligro-de-desalojo-por-familia-de-exhacendados/
[4] https://cooperaccion.org.pe/apurimac-suspenden-desalojo-contra-comunidad-originaria-de-chuicuni/
[5] https://conflictosmineros.org.pe/2023/08/24/nuevo-intento-de-desalojo-contra-comunidad-ancestral-de-chuicuni/
[6] https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/latifundios
[7] https://larevistagraria.files.wordpress.com/2019/05/lra-107_completo.pdf
[8] https://www.mmg.com/who-we-are/company-overview/ ; Sur l’expansion géopolitique et économique de la Chine et ses relations commerciales et politiques avec l’Amérique latine : https://www.cairn.info/revue-herodote-2018-4-page-153.htm?contenu=article
[9] https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/au-perou-la-mine-geante-de-las-bambas-en-proie-a-dincessantes-tensions-sociales-1404917
[10] https://www.investirmag.fr/les-10-principaux-producteurs-de-cuivre-par-pays-en-2024/
[11] https://www.iris-france.org/139214-cuivre-quel-avenir-pour-ce-metal-essentiel-a-la-transition-energetique/
[12] https://cooperaccion.org.pe/apurimac-suspenden-desalojo-contra-comunidad-originaria-de-chuicuni/
[13] https://www.unep.org/explore-topics/extractives/why-does-extractives-matter
[14] https://www.bbvaresearch.com/wp-content/uploads/2023/02/Peru_Mining_sector-1.pdf
[15] https://rightsandresources.org/wp-content/uploads/ES-Final-Communities-as-Counterparties-FINAL_Oct-21_ES1-1.pdf
[16] https://www.inei.gob.pe/media/MenuRecursivo/publicaciones_digitales/Est/Lib1599/ p. 24
[17] https://www.cambridge.org/core/journals/latin-american-politics-and-society/article/abs/explosive-combination-of-inefficient-local-bureaucracies-and-mining-production-evidence-from-localized-societal-protests-in-peru/29AD538D3331AC00CC6071B8FC8E47B2 ; https://cepes.org.pe/wp-content/uploads/2024/01/Informe-2015-sobre-la-situacion-de-la-tierra-en-el-Peru.pdf
[18] https://larevistagraria.files.wordpress.com/2019/05/lra-107_completo.pdf
[19] https://theses.fr/2019EHES0084
[20] https://digitalcommons.fiu.edu/classracecorporatepower/vol2/iss3/3/ p.10
[21] https://rightsandresources.org/wp-content/uploads/ES-Final-Communities-as-Counterparties-FINAL_Oct-21_ES1-1.pdf
[22] https://www.congreso.gob.pe/Docs/constitucion/constitucion/Constitucion-Agosto-2023.pdf
[23] https://www.cetri.be/IMG/pdf/04-4.pdf p. 71
[24] https://www.cetri.be/IMG/pdf/04-4.pdf p. 71
[25] https://www.cairn.info/revue-ecologie-et-politique-2019-2-page-57.htm
[26] https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/01/28/venezuela-la-crise-expliquee-en-3-graphiques_5415726_4355770.html
[27] https://conflictosmineros.org.pe/los-conflictos-socioambientales-en-el-peru/
[28] https://theconversation.com/mine-par-les-inegalites-et-la-corruption-le-perou-enlise-dans-une-crise-profonde-204986 ; https://www.lemonde.fr/international/article/2023/03/03/au-perou-derriere-la-crise-politique-une-explosion-sociale-aux-racines-profondes_6164047_3210.html
[29] https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/09/au-perou-un-reseau-de-corruption-presume-au-sommet-de-l-etat_6204724_3210.html
[30] https://www.hrw.org/sites/default/files/media_2023/04/peru0423sp%20web.pdf
[31] https://www.cetri.be/IMG/pdf/04-4.pdf
[32] https://www.politika.io/fr/article/projet-minier-conga-au-perou-retour-methode-denquete ; https://www.cairn.info/revue-autrepart-2013-2-page-151.htm?contenu=article ; Voir le documentaire “Hija de la laguna” d’Ernesto Cabellos (2015) https://www.youtube.com/watch?v=r5MZ9Ejpf7E
[33] https://dialogochino.net/es/actividades-extractivas-es/53067-por-que-la-mina-de-cobre-las-bambas-en-peru-esta-en-constante-conflicto/
[34] https://journals.openedition.org/conflits/20636 p. 113
[35] https://www.bbc.com/news/world-latin-america-34389803
[36] https://dialogochino.net/es/actividades-extractivas-es/53067-por-que-la-mina-de-cobre-las-bambas-en-peru-esta-en-constante-conflicto/
[37] https://www.snmpe.org.pe/prensa/notas-de-prensa/notas-de-prensa-de-la-snmpe/7154-snmpe-paralizaci%C3%B3n-de-las-bambas-ser%C3%A1-un-duro-golpe-para-la-reactivaci%C3%B3n-econ%C3%B3mica.html
[38] https://theconversation.com/les-pressions-sur-leau-face-ignoree-de-la-transition-energetique-154969
[39] https://www.cairn.info/revue-autrepart-2013-1-page-71.htm
[40] https://elpais.com/elpais/2016/11/07/planeta_futuro/1478517137_056984.html?outputType=amp
[41] https://www.cairn.info/revue-autrepart-2013-1-page-71.htm